Les Féroé étaient un rêve de voyage depuis de nombreuses années, mais nous avons refusé d’y aller pendant longtemps en raison d’une chasse ancestrale et sanglante, le Grindadrap, pratiquée encore de nos jours sur l’archipel plusieurs mois dans l’année. La chasse consiste à repérer des bancs de cétacés en mer, à les encercler avec des bateaux pour les pousser vers le rivage et les abattre sur la plage.
Quiconque aura vu des photos ou des vidéos des plages rouges du sang des animaux, où se côtoient des centaines de cadavres de cétacés se posera la question quant à bannir ce voyage de leur liste d’envie ou d’y aller quand même. C’est d’ailleurs le réflexe que nous avons eu avant de nous décider à franchir le pas et y aller malgré tout.

Pourquoi n’avons-nous pas boycotté les Féroé ?
Nous partons du principe qu’en remettant les choses dans leur contexte : en France, on est loin d’être clean au sujet de la protection animale (violences dans les abattoirs, conditions d’élevage effroyables, gavage des oies) et bon nombre de traditions dont nous ne pouvons pas être fiers (corridas, chasse à la glue, chasse à la courre et j’en passe). Comptez 20 millions d’animaux tués par les chasseurs chaque année en France. Cela ne justifie pas l’abattage des cétacés lors du Grindadrap, mais personnellement en tant que française, je n’ai pas envie que les touristes étrangers nous prennent tous pour des amateurs de corridas ou de chasse au gibier. La France et les français, ne se résument pas à ces traditions barbares, le peuple féroïen ne se résume donc pas au Grindadrap.
Si on étend notre analyse aux autres pays : le Canada chasse toujours les bébés phoques, en Espagne la tauromachie fait toujours partie des spectacles populaires, dans certains pays d’Afrique on braconne les éléphants et les rhinocéros pour leurs défenses, certains pays d’Asie se délectent de plats avec des viandes d’animaux que nous occidentaux considérons comme étant nos animaux de compagnie… Bref, je continue ?

Pour en revenir aux Féroé, il faut savoir que la moitié de la population féroïenne est contre ces abattages, la moitié est pour, soutenue par le Danemark qui protège l’archipel de la communauté internationale, des ONG de défense des animaux et de Sea Sheperd, très actifs dans la région. Au sein même des familles, les différents membres qui la composent ne sont pas d’accord entre eux sur le sujet.
Le propriétaire de notre premier logement nous a envoyé un message deux jours après notre arrivée pour nous prévenir qu’un Grind avait lieu à quelques kilomètres de notre fjord. Il nous a expliqué que certains touristes voulaient y participer et que si c’était le cas nous serions les bienvenus et que la viande serait partagée et nous serait offerte à l’issue de l’abattage. Bien évidemment, nous n’y sommes pas allés, j’ai vécu 15j avec la peur au ventre d’assister à un massacre du genre. Je ne suis personne pour juger les traditions d’un pays et d’un peuple, mais nous ne tenions absolument pas à y participer ni à voir ça. Il nous a répondu que lui-même ne prenait pas part aux massacres et qu’il emmenait ses enfants sur son bateau, voir des dauphins qui eux, sont bien vivants. On ne va pas vous mentir, ça nous a foutu un sacré coup dans le ventre de lire le message qui nous prévenait de la chasse en cours alors que nous n’étions qu’à quelques kilomètres en train de nous émerveiller sur une nature aussi belle que grandiose, mais nous savions en faisant ce voyage à cette période que nous pouvions y être confrontés.
Le gouvernement féroïen a instauré des périodes de chasse bien précises, avec des quotas à ne pas dépasser chaque année. Peut-être une avancée vers l’interdiction totale de cette pratique ? J’en doute pour l’instant, mais qui sait comment évoluera la société féroïenne dans les années à venir ?
Je ne tente pas de justifier notre choix car nous n’avons à nous justifier auprès de personnes, mais la question m’a déjà été soulevée sur les réseaux sociaux, de manière plus ou moins diplomate, et certains membres se sont donnés pour mission de pourrir les publications, les photos et les articles parlant des Féroé dans une sorte d’hystérie écologiste et moralisatrice. J’espère que ces personnes sont toutes vegans et militent avec autant d’acharnement contre les traditions sauvages qui subsistent en France. A ce propos, je supprimerai tous les commentaires vindicatifs ou menaçants sur ce blog et sur mes réseaux. Je suis d’accord pour en parler et échanger à ce sujet mais encore une fois, les Féroé et leur peuple ne se résument pas uniquement à ça.
Nous avons souhaité rédiger ces quelques lignes non pas pour nous justifier mais pour vous expliquer le cheminement que nous avons eu à ce sujet. C’est un sujet sensible, qui émeut la communauté internationale, qui nous émeut nous aussi qui aimons tellement tous les animaux, mais je pense que si on devait regarder les conditions de vie et d’abattage des animaux dans chaque pays, nous n’irions plus nulle part et deviendrions tous vegans.

Mais vous n’avez de comptes à rendre à personne. C’est votre vie, vos voyages et surtout vos choix. 😊😘
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