Nous quittons (à regret) le secteur du parc national de Josteldalsbreen pour notre prochaine étape : direction le roi des fjords, Geiranger, pour deux jours ! Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais il est en réalité le fjord le plus populaire de Norvège. C’est dans ce secteur qu’est prise la photo qui illustre chaque guide touristique, chaque publicité pour les voyages organisés, chaque publicité pour les croisières dans l’Europe du nord.

Spoiler alert !!!

Il vous faudra faire quelques heures de randonnée particulièrement ardue pour aller la prendre, cette fameuse photo ! J’avais dit que moi vivante, je ne quitterai pas la Norvège tant que je n’aurais pas pris cette photo. Je l’ai, mais alors qu’est-ce que j’en ai bavé pour l’avoir 😀

Nous avons logé à Stryn dans une petite cabane en bord de mer et en dehors de la ville, qui est un bon point de chute pour visiter le coin car qui dit secteur touristique, dit prix exorbitants… Donc évitez de loger directement dans le village de Geiranger (en plus le bled est moche et blindé de groupes de touristes), allez plutôt du côté de Stryn. Vous y serez plus au calme, vous trouverez toutes les commodités en termes de supermarchés, pompes à essence, magasins divers… Pour ne rien gâcher, vous devrez emprunter une route absolument canon depuis Stryn pour vous rendre au fjord de Geiranger.

Si nous avons été très déçus de Geiranger, il y a bien d’autres choses extraordinaires à faire dans le coin ! Vous êtes prêts ? Direction la cinquième étape de notre carnet de voyage norvégien.

Et comme d’habitude, un petit avant-goût de ce qui vous attend en photo…

Dixième jour

La route 63 entre Stryn et Geiranger

Nous étions déjà passés dans le secteur la veille, sans nous en rendre compte, lorsque nous avons rejoint la route Strynefjellet. Comme je vous le disais dans notre précédent article, nous avons fait l’erreur de loger dans la ville de Vassenden lors de notre quatrième étape alors qu’en fait, il aurait tout à fait été possible de combiner l’étape précédente et celle-ci en prenant un logement dans le secteur de Stryn ou Olden. Nous sommes donc passés à deux reprises dans la vallée d’Olden et le secteur de la route de Strynefjellet mais qu’importe, la route est tellement belle qu’on pourrait l’emprunter chaque jour sans s’en lasser !

Nous sommes émerveillés ce matin-là, alors que nous avons quitté le logement à l’aube, par la luminosité matinale, grâce au soleil qui tente de percer et qui est encore caché derrière la montagne, et cette brume qui s’accroche dans le bas de la vallée d’Olden.

Cette fois, au lieu de bifurquer de la route 258 de Strynefjsveg, nous continuons sur la Rv15 et empruntons plusieurs tunnels jusqu’à la bifurcation qui nous mènera sur la route 63 qui est une route ultra empruntée pour aller visiter Geiranger et la route des Trolls (fermée durant notre voyage, mais je reviendrai dessus dans le prochain article).

A cette altitude, le ciel se dégage complètement et nous profitons d’une luminosité absolument incroyable pour traverser cette route qui est de toute beauté.

Les arrêts sont nombreux, entre lacs aux eaux translucides et route qui serpente la montagne. Nous sommes émerveillés par les paysages alentours. Nous ne sommes pas pressés par le temps ce jour-là et nous prenons le temps de photographier et filmer les environs.

En descendant dans la vallée qui nous mènera quelques kilomètres plus tard dans la ville de Geiranger, nous passons sous la mer de nuage pour retrouver un temps gris et des nuages bas qui vont bouleverser nos plans du jour…

Geiranger

C’est la douche froide en arrivant à Geiranger. Non seulement les nuages bas recouvrent tout le fjord, mais en plus la petite ville touristique que nous avions tant hâte de voir ne nous plaît pas du tout. Alors qu’on rêvait d’être ici, à grand renfort de vidéos et de photos canons sur les réseaux sociaux, on se rend compte qu’en fait c’est une usine à touriste, et que pour voir ce que l’on voulait dans le secteur, il nous faudra faire plusieurs heures de marche !

Sur le trajet, j’avais noté plusieurs points de vue (qui sont matérialisés sur Maps), nous n’en avons fait qu’un seul car les autres étaient dans les nuages et la visibilité était réduite à néant. Notre seul arrêt a été à Flydalsjuvet.

Nous ne nous attardons pas au point de vue, et on descend dans la ville. Un stationnement payant plus tard, nous arpentons les quelques rues et le port à la recherche de quelque chose de sympa à faire…

Il n’y a ici aucune âme, aucune ambiance norvégienne. Les boutiques de souvenirs qui vendent toutes la même chose se succèdent, il n’y a pas de jolie ruelle de maisons colorées, et les cars de touristes affluent… C’est bling-bling Land ici, des touristes fortunés courent acheter du chocolat hors de prix et des fringues de marque, ils se pressent tous pour faire une croisière dans le Geirangerfjord et les visites guidées sont légion. Nous aurions eu envie de faire du bateau dans le fjord mais le coût très élevé (minimum 80 à 100€/adulte en fonction de la formule que vous choisirez) et les nuages bas finissent par nous convaincre d’y renoncer.

Nous étions venu à Geiranger dans le but de faire LA rando incontournable en Norvège, afin de photographier LE point de vue le plus célèbre du pays (la fameuse ferme Skageflå qui fait face à la très célèbre cascade des Seven sisters)… Notre déception est grande mais nous décidons de ne pas nous attarder ici ce matin-là. car nous avions prévu de randonner dans le coin pour aller photographier mais les nuages sont trop bas et nous ne souhaitons pas prendre le risque de marcher pour ne rien voir.

Nous reprenons donc de nouveau la voiture afin de poursuivre sur la route 63 en direction du lac Eidsvatnet. Le ciel se dégage de nouveau une fois que nous avons passé la barrière des nuages coincés à Geiranger (et qui resteront coincés ici pendant de longs jours). Nous sommes agréablement surpris de tomber sur un charmant lac au bord duquel nous nous arrêtons pour pique-niquer. Ici, une balançoire a été installée par des habitants du coin, c’est particulièrement photogénique, d’autant plus qu’il fait un temps magnifique et que quelques parcelles de brume s’accrochent dans les montagnes alentours.

Le secteur est particulièrement charmant et cette fois, les nuages bas ne gâchent pas le paysage car bien au contraire, ils lui apportent un charme fou !

Nous reprenons de nouveau la route pour nous rendre à Eidsdal, petit village du bout du monde dénué de charme dans lequel nous ne nous attardons pas.

Mine de rien, nous sommes déjà en milieu d’après-midi. Il est trop tard pour commencer une randonnée, trop tôt pour rentrer dans notre logement. Nous décidons de remonter la route 63 et de repasser par la Strynefjellsveg que nous avions traversé la veille pour rentrer dans notre hébergement. Cela nous rallonge un peu le temps et les kilomètres mais nous ne sommes pas pressés, les deux routes sont en effet très proches et nous avions envie de la parcourir à nouveau, cette fois sans prendre de photos ni de vidéos, simplement pour en profiter avec nos yeux afin de graver cette beauté pour toujours dans notre esprit. Bon ok, on a quand même fait un ou deux arrêts photos 😀

En descendant dans la vallée qui nous emmènera dans notre logement, nous faisons un arrêt près de l’église de Stryn afin de faire un peu de drone. Ce cliché particulièrement célèbre (encore oui !) de Norvège ne peut être vu qu’en drone car aucune route au-dessus du ville, ni aucun point de vue, et à notre connaissance aucune randonnée, ne permet de le faire. Notre drone n’a pas une qualité photo exceptionnelle et encore moins lorsque la luminosité est basse, mais ma foi on s’en contentera…

Nous rentrons ensuite dans notre logement où nous passerons une soirée cosy au coin du feu.

Onzième jour

Rando Skageflå

Nous partons de bonne heure de notre logement pour retourner à Geiranger. C’est notre dernier jour dans ce secteur et cette fois, peu importe la météo, nous irons faire la randonnée de Skageflå ! Cette randonnée n’a qu’un seul but pour nous : nous permettre d’accéder au point de vue le plus célèbre de Norvège (avec celui de Hamnøy dans les îles Lofoten), qui est en réalité une ferme isolée qui fait face à la célébrissime cascade des Sept Sœurs (Seven Sisters en anglais, Sju søstre en norvégien), pour le voir de nos yeux et pour le photographier car comme je vous le disais en intro de cet article, moi vivante, je ne quitterai pas la Norvège sans cette photo !

Pour cela, vous devrez d’abord vous rendre sur le parking payant du camping de Geiranger pour stationner votre véhicule. Deux solutions pour le paiement : paiement en liquide dans une enveloppe que vous glisserez dans une petite boîte à l’accueil du camping (faites l’appoint car il n’y a personne pour vous rendre la monnaie), faire un virement Paypal. Comptez 150nok euros la journée.

Au démarrage du sentier, un petit panneau nous annonçait 5km jusqu’à la ferme, on partait donc confiants en se disant qu’on y serait rapidement. A partir de là, ça grimpe non-stop et même si c’est bien moins violent que quelques jours avant lors de notre superbe randonnée dans le parc de Jostedalsbreen, ça grimpe assez pour raviver la douleur dans les muscles de nos jambes et pour nous faire monter le palpitant… Le sentier est long, et chiant, ça glisse, et on ne voit rien du paysage car on marche en forêt durant 95% de la randonnée. Voilà les deux seules ouvertures dans la végétation de notre rando…

Nous arrivons, après plus de 4km de montée, heureux d’être arrivés sauf que… Ben c’est pas là en fait ! =) Aucune trace de la cascade des Sept Soeurs, les cabanes en bois sont cachées par la végétation et cela ne ressemble pas du tout à la célèbre photo !

Nous arrivons en réalité à Homlungsætra, un musée historique de Norvège.

Là, on a déjà marché plus de 4km, on est rincés par la grimpette, et un panneau nous annonce encore… 3.1km avant d’arriver à Skageflå ! On se souvient alors qu’il était écrit, sur le petit panneau au début de notre randonnée, que le sentier total faisait 5km… On réfléchit un peu, même moi qui suis mauvaise en calcul mental je comprends bien que les calculs sont pas bons Kévin !!!

On s’installe pour pique-niquer, on ne s’attarde pas car c’est assez humide aujourd’hui et on a rapidement froid, et en plus un groupe de néerlandais fort bruyant arrive ici et s’installe juste à côté de nous pour manger, l’horreur ! On regarde notre carte IGN sur l’application Alltrails, on se rend compte qu’on est effectivement encore loin de la ferme de Skageflå et que le sentier pour y descendre est particulièrement raide et technique.

Comme j’ai dit que je ne quitterais pas la Norvège tant que je n’aurais pas pris cette foutue photo, on reprend notre randonnée, d’abord dans un sous-bois assez agréable bien que très boueux par endroit, avant d’entamer LA descente d’enfer.

Au programme : des rochers plus hauts que nos jambes, des chaînes pour nous tenir sur le sentier glissant car à droite, il y a du vide, et un dénivelé d’enfer ! Je geins de souffrance, je ronchonne parce qu’on ne voit rien au paysage car on est toujours dans la forêt,

Et puis tout à coup, la cascade des Sept Soeurs apparaît !

On aperçoit quelques mètres plus tard la ferme en contrebas, je commence à paniquer un peu car elle semble minuscule tellement elle est loin et je me dis que la descente va être rude, et le retour encore plus !

La descente est effectivement calamiteuse, mais moins longue qu’on ne le pensait. On finit par arriver à bon port et on est super heureux de constater qu’on est les seuls sur place !

Que la séance photo commence !

Je sors forcément le trépied pour immortaliser le moment… Ca sera sans la ferme sur la photo du fait de l’angle impossible à avoir avec l’appareil photo, mais peu importe, ça sera nous et les Sept Soeurs.

On en profite pour photographier les lieux comme on peut, je suis obligée de prendre des photos avec le drone pour avoir l’angle que je veux car je n’arrive pas à aller à l’endroit qu’il faudrait pour prendre la fameuse photo, en raison de la végétation. Nous restons assis un moment face au paysage, à nous dire que ce paysage qu’on a vu tant de fois en photo est maintenant sous nos yeux.

Nous repartons ensuite en sens inverse car cet itinéraire n’est possible qu’en aller-retour et pas en boucle. Bizarrement c’est bien plus facile de monter ce passage ultra raide en repartant de la ferme que de le descendre.

Nous arrivons à notre véhicule vers 17h et reprenons la route vers notre logement

Oppstrynsvatnet

Un dernier arrêt sur la route pour photographier le lac Oppstrynsvatnet devant lequel nous passons pour rentrer chez nous. Avec la lumière de fin de journée, c’est tout simplement fabuleux !

Nous profitons de la soirée pour préparer les deux dernières étapes de notre séjour. Le coucher de soleil est particulièrement agréable depuis notre logement.

La suite, au prochain épisode !